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La banalité française du nationalisme

La banalité française du nationalisme

Dans le dernier n° (le 251) de D’Heimet, Rémy Morgenthaler interrogeait fort justement le nationalisme français, passion et idéologie républicaine (et populiste), dans sa banalité grandissante, son poids d’évidences. Référence à un livre récent de Ronan Le Coadic, Macron nationaliste banal ? aux éditions Yoran Embanner.

Une pointure, ce sociologue breton, professeur de Langue et culture bretonnes à l’université Rennes 2 depuis 2010. On chercherait vainement un sociologue alsacien affichant ces titres et ayant acquis (conquis) une autorité universitaire. Dans les deux universités d’Alsace, plus celle de Metz, d’épisodiques vacataires en LCR juste tolérés clopinent à l’arrière. « Nous » avons seulement régressé ces vingt-cinq dernières années, nous avons pris un retard intellectuel considérable sur les régions sœurs, Bretagne, Corse. Nous avons des libertés élémentaires, des franchises, à réclamer et gagner. Qui s’en soucie ? Où sont les forces ?

Ronan Le Coadic, né en 1962, a écrit L’idéologie bretonne, ouvrage de 480 pages publié en 1998 aux Presses universitaires de Rennes. Nous tremblons à parler d’identité alsacienne. En 2002, il a osé Bretagne le fruit défendu. Imaginez un équivalent, rêvez : « Alsace fruit défendu ». Malaise dans le pays. Défendu à qui ? Si l’Alsace est une pomme, qui veut la croquer ? La consommer ? Sa jouissance est défendue à ceux qui ont planté les pommiers. Quand cette injustice sera-t-elle réparée ? Quel chemin prendra l’histoire ?

Le nationalisme, sous l’enveloppe politique de l’Etat-nation, imprime l’histoire de France depuis disons Louis XIV, depuis sa conquête par les armes et les ruses diplomatiques de l’Alsace, la Haute et la Basse, entre 1648 et 1681. C’est lui qui « nous » a coûté à la longue trois guerres, qu’on a dites « fratricides » : 1870-1871, 1914-1918, 1939-1945. La construction de l’Union européenne fit croire à un dépassement, l’ouverture d’une nouvelle ère, post-nationale. Illusion ! Jamais tout à fait éteint, ravivé et entretenu, l’esprit national et nationaliste renaît avec les crises économiques, se renfloue et se banalise sous nos yeux, sanctionné (sanctifié) par les populations et les élites.

Civilisation et nationalisme (les analyses d’Albert Schweitzer)

Au président français et à une large partie de la classe politique, sinon du peuple, allons, s’applique encore l’analyse du phénomène que fit Albert Schweitzer en 1915, dans les conditions de la guerre qui entraîna une décomposition (Verfall) de la civilisation européenne d’alors. L’idéal national s’affirma comme l’idéal politique obligé, suprême et quasi exclusif, qui relégua au second plan et subordonna les autres, les valeurs et vertus de l’humanisme émergées au XVIe siècle.

Suite dans Heimet 252

Schweitzer le premier

Qui sait aujourd’hui, même en Alsace, même dans toute l’Allemagne, sogar in der Schweiz, qu’Albert Schweitzer est pour l’Europe le premier penseur critique (philosophe) du nationalisme ? C’est un fait historique, d’histoire de la pensée, que l’on peut documenter avec précision, textes à l’appui. Incroyable ! Un Alsacien ? Oui, justement.

Suite dans Heimet 252

« Dans le monde d’aujourd’hui »

L’orgueil des vainqueurs en 1919, leur légèreté, leur manque total de considération et de compréhension pour le vaincu, dont les ressentiments et désirs de revanche vont s’exacerber, expliquent la marche vers une nouvelle guerre et son déchaînement fatal, avec des explosions génocidaires, à l’échelle planétaire. L’humanité s’en est mal relevée à la libération, ne s’en relève pas ! Et toujours (encore) les luttes nationales, plus nettement que les luttes des classes (qui étaient chères aux marxistes), sont le moteur diabolique de l’histoire.

Jean-Paul Sorg

Extraits, voir l’article au complet dans notre revue « D’Heimet 252 » Pages 6 à 8


Date de création : 10/03/2024 15:28
Catégorie : Médiathèque - Jean Paul SORG
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