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Le rayon vert

Le rayon vert dans le noir à la Cathédrale de Strasbourg
Par Rémy Morgenthaler

Il était un rayon… divin ou non, un rayon qui nous donnait le rythme de la sereine lenteur du temps une fois tous les six mois, plus précisément à l’équinoxe. Il était un rayon, vert comme tout bourgeon à même d’éclore, vert comme le printemps, mais nos printemps ne trouvent plus le temps de le voir, de s’illuminer.
Certes, le temps s’accélère depuis l’horloge astronomique qui résonne de toutes ses sonorités chaque midi, et puis sont venues les pendules, les montres-gousset jusqu’à fixer cette révolution analogique aux poignets comme pour contrarier notre pouls. S’impose une mesure du temps qui passe trop vite, trop vif, qui nous tictaque d’une seconde à l’autre et qui nous tient comme des menottes coercitives à la liberté d’être en phase des jours et des nuits, des saisons et de l’espace. Puis s’installe la ponctualité des mouvements-quartz et enfin nos montres digitales GPS ôtent finalement tout lien avec le temps qu’il fait pour un temps que l’on veut faire et surtout dont on veut user, profiter, jouir, exploiter et même rentabiliser, voire tuer.
En  cette année 1972, après un sérieux dépoussiérage de verrières réapparaît un rayon. Un rayon de lumière traversait un vitrail figurant «le pied de Juda». Les jours d'équinoxe il illuminait le Christ crucifié de la chaire. Puis plus rien. Lors de la réfection du vitrail, l’an dernier, voilé ou obturé, le pied de judas, comme un pied de nez au phénomène, ne laissait plus passer de lumière. Face au refus de restituer l’effet, une procédure en Tribunal Administratif est intentée… Faut-il donc l’intervention d’un juge pour remettre les choses en ordre, pour décider jusqu’où saura passer, s’infiltrer, se donner le soleil ? Fort de sa logique en droit, le Tribunal considère « que ce phénomène lumineux du rayon vert n'a pas été voulu par les concepteurs de la cathédrale ou de la verrerie en cause, et n'est dû qu'à une restauration sommaire non conforme à l'œuvre d'art initiale ». L’autorité judiciaire a donc jugé « que l'État, dont l'objectif est de restaurer le vitrail au plus près de son état initial, n'a pas méconnu ses obligations de conservation d'un monument historique, du point de vue de l'histoire ou de l'art ».

Extraits, voir suite dans Heimet 248 juin 2023


Date de création : 25/06/2023 17:07
Catégorie : Meinùnge / Opinion - Remy MORGENTHALER
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