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La conception du temps et du monde

La conception du temps et du monde

"...Il manque aux Français comme une dimension de la vie. Le respect des faits et le respect des autres. La soumission au réel. L'habitude de se plier aux exigences de la vie en commun, la continuité de l'effort." Albert Schweitzer, cité par Alain Peyrefitte, in "Le Mal Français". La conception du temps et du monde que promettent la plupart des prétendants aux fonctions suprêmes de notre pays nous interpelle. Les ambitions pour une France encore plus universelle et toutefois repliée sur elle-même, sur son identité de nation une et indivisible, sur une souveraineté sans nuance semblent ignorer tout de ce qu'est un pays comme le nôtre.

Faut-il rappeler que cette unité est une idéologie avant d'y trouver la moindre racine naturelle, je dirai même naïve qui est le fondement de l'innocence. Est-il nécessaire de refaire le chemin de l'histoire pour comprendre que cette nation s'est imposée en soumettant toutes les terres vaincues (les pro-vinces) à une unité de pensée et de culture centralisée à Paris, héritière d'une souveraineté absolue, issue d'une révolte bourgeoise aux accents de "ça ira...", plus tard armée de chants légitimant la terreur telle la "Marseillaise", prônant les droits de l'homme et du citoyen, évidemment dans les limites de ce que le culte de la nation peut tolérer.

Combien de vagues de pensées et de visées politiques se sont succédées, se sont contredites, puis ont tout naturellement forgé une unité de circonstance, forte au lendemain d'un conflit guerrier ou à la veille d'un tel événement dramatique, mais désespérément en faillite à l'entrée du XXI° siècle.

Et pour cause. La politique d'unification absolue, au titre d'une nation qui cherche toujours à prouver qu'elle est légitime en sa territorialité, porte ses conséquences, plus encore que précédemment tant et si bien qu'elles prennent la place de toutes les identités et cultures qui ont été amenées à se soumettre, à s'oublier, à se dissiper, se perdre, se laisser anéantir...

Le constat est réel tant pour les réalités d'ordre philosophiques ou religieuses, que pour l'art de vivre, le respect des traditions - et donc de la sagesse des anciens -, la valorisation honnête des terres et des biens, la pérennité d'un lien social.

On nous parle de liberté. On nous assure la liberté. Que oui, celle de dire ce que l'on veut ...et encore. Mais où en sommes-nous avec la liberté de vivre notre vie en symbiose avec nos terres et nos cultures ? En Alsace, en l'espace de moins de deux générations, la transformation d'un "peuple" est flagrante. Nous ne parlons plus la langue de nos grands-parents. Nous avons fidèlement confiés nos us et coutumes aux musées, aux livres de nombreuses sociétés et tables d'histoire, aux fêtes folkloriques, aux appâts à touristes. Nous avons laissé faire pour subir de près ou de loin les inconvénients d'un mode de vie qui nous est venu d'autre-part. Sous prétexte de progrès, on nous nourrit de modes qui n'ont rien à voir avec l'adaptation naturelle de ce que nous sommes, de l'évolution de nos La conception du temps et du mondepropres héritages.

Il ne s'agit en aucun cas de renier toute évolution, de "folkloriser" notre style de vie. Il n'est pas question de refuser le progrès ou de s'opposer à toute nouveauté. Mais à comparer l'évolution de la plupart de nos voisins, à considérer comment les régions limitrophes de notre Alsace font face à l'incontournable progrès, il nous faut constater que notre actualité sociétale est loin d'être exemplaire. Par Rémy Morgenthaler.

Extraits de la revue D’Heimet 217 mars 2017

Voir l’article complet dans la revue « D’Heimet » n° 217 Mars 2017


Date de création : 16/03/2017 23:09
Catégorie : Meinùnge / Opinion - Remy MORGENTHALER
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